
Quâest-ce que le Brainspotting ?
Lorsque jâai dĂ©couvert le Brainspotting, en tant que patiente (jâaime avoir une expĂ©rience personnelle dans mes outils thĂ©rapeutiques), puis en tant que thĂ©rapeute, jâai Ă©tĂ© bouleversĂ©e par la puissance et la cohĂ©rence de cette approche thĂ©rapeutique. CâĂ©tait une prise en charge totalement contraire Ă tout ce que je connaissais et Ă tout ce Ă quoi nous avons Ă©tĂ© formĂ©s.
Aujourdâhui, je suis tellement reconnaissante dâavoir dĂ©couvert le Brainspotting, dâavoir enfin pu trouver une thĂ©rapie et une approche thĂ©rapeutique en cohĂ©sion avec mes valeurs, avec mon ressentis, en harmonie avec le corps, dans la non-violence, le non-jugement et dans le positionnement humble du professionnel de santĂ© qui accompagne la pleine conscience bienveillante et le processus interne du patient.
La thérapie du Brainspotting est :
- un nouvel outil psychothérapeutique
- (Un outil psychothérapeutique est un outil qui permet aux psychologues ou aux psychothérapeutes de faire de la thérapie, les différentes approches de la psychologie donne lieu à différents outils thérapeutiques).
- Créé par David Grand
- ThĂ©rapeute EMDR qui a dĂ©couvert lâintĂ©rĂȘt de sâarrĂȘter et de se servir des fixations visuelles naturels des patients pour approfondir le travail psychologique.
- Une thérapie non verbale
- Contrairement Ă la psychanalyse ou des thĂ©rapies plus classiques, la guĂ©rison ne passe pas par la parole et lâĂ©change verbal.
- Un outil neuro-bio-physiologique visuel
- Le thĂ©rapeute se sert de points oculaires ou de points corporelles, afin dâactiver certains rĂ©seaux neuronaux limbiques Ă©motionnels sous corticaux, ressentis et revĂ©cus dans le corps.

ConcrÚtement ça se passe comment ?
Lors dâune sĂ©ance de Brainspotting, le thĂ©rapeute recherche activement les brainspots oculaires, avec ou sans lâaide du patient et dâun pointeur, câest-Ă -dire des points fixes dans lâespace qui gĂ©nĂšrent des Ă©motions, des pensĂ©es, des sensations corporelles liĂ©es Ă la difficultĂ© psychique que rencontre le patient ou des Ă©vĂšnements plus ou moins traumatiques vĂ©cus par ce dernier.
En fixant le pointeur du thĂ©rapeute et en gardant son attention et ses yeux fixĂ©s dans le brainspot (point occulaire fixe dans lâespace) et en laissant les Ă©motions, pensĂ©es ou sensations corporelles Ă©merger et remonter sĂ©quentiellement Ă la surface, le patient accĂšde Ă un travail et donc une guĂ©rison plus profonde.
Le cadre sécurisant, attitude humble, bienveillant et non jugeant du thérapeute permet au patient de rester ancré dans le moment présent malgré les éventuels remontés psychiques.
Câest grĂące Ă ce sentiment de confiance et de sĂ©curitĂ© physique que le patient peut partir dâune activation corporelle plus ou moins intense, effectuer des associations Ă©motionnelles automatiques, accĂ©der Ă des moments dâinsights et Ă une meilleure comprĂ©hension de son fonctionnement interne, quâil intĂšgre menant Ă la guĂ©rison et Ă la rĂ©solution du problĂšme pour lequel il consulte.

Step by step
1- Activation générée et ciblée
La personne vient en sĂ©ance, commence Ă expliquer au thĂ©rapeute son problĂšme (anxiĂ©tĂ©, dĂ©pression, Ă©vĂšnement traumatique, sentiment de solitude, problĂšmes de confiance en soi, conflits conjugauxâŠ).
Pendant que le / la patient(e) raconte ce qui lui cause souffrance, avec une écoute bienveillante et empathique, le thérapeute va repérer les indicateurs de présence de brainspots.
2 – Localisation corporelle
Ensuite, le thĂ©rapeute demande Ă lâindividu de se concentrer sur son corps. Le fait de parler de ce qui nous fait souffrir a souvent une rĂ©percussion sur le corps, cela nous « active ». On demande alors au patient de localiser dans son corps les Ă©motions ou sensations corporelles ressentis en lien avec la problĂ©matique abordĂ©e.
On Ă©value lâactivation corporelle ou Ă©motionnel du patient Ă lâaide dâune Ă©chelle de 0 Ă 10 (cf SUDs, Wolpe, 1969) en se concentrant sur ses rĂ©actions physiologiques, affectives ressentis lorsquâil ou elle repense Ă la problĂ©matique quâil ou elle souhaite rĂ©soudre.
3 – Localisation du Brainspot dans le champ visuel
Tout en restant connectĂ© avec le corps, on demande ensuite Ă la personne de regarder soit un brainspot repĂ©rĂ© par le thĂ©rapeute avant, soit, en utilisant un pointeur, le thĂ©rapeute guide doucement le regard de la / le patient jusquâĂ quâils trouvent le brainspot ensemble.
Quâest quâun Brainspot au juste ?
Un Brainspot câest :
- La rĂ©ponse du cerveau (lâactivitĂ© cĂ©rĂ©brale sous-cortical) Ă lâactivation ciblĂ©e (« focused activation », câest-Ă -dire lâattention ou la concentration) associĂ© Ă une position oculaire dĂ©signĂ© (sur un point autobiographique oculaire fixe choisie).
- Ce nâest pas un seul point dans le cerveau mais un rĂ©seau dâactivation dans le cerveau (Un sous-systĂšme physiologique, un rĂ©seau neuronal de fragments traumatiques non intĂ©grĂ©s qui court-circuit le nĂ©ocortex) qui stockent les expĂ©riences Ă©motionnelles sous la forme de souvenirs (mĂ©moire corporelle, archaĂŻque, limbique) et qui se reflĂštent dans le corps par une activation somatique (sensations corporelles, douleurs, fatigue, dissociationâŠ).
Il existe plusieurs façons de localiser les brainspots. Soit le thĂ©rapeute accompagne le patient et le guide grĂące au pointeur dans son champ visuel, soit la patiente sâest arrĂȘtĂ©e naturellement dans un point prĂ©cis dans lâespace.
4 – Observation du processus interne en pleine conscience
Enfin, une fois le brainspot trouvĂ©, il suffit de regarder ce point fixe choisi dans lâespace et de faire confiance au pouvoir naturel guĂ©risseur du corps et du cerveau.
On ne juge pas ce qui remonte Ă la surface, on nâessaie pas de contrĂŽler, de comprendre, dâinterprĂ©ter ou dâanalyser, on laisse simplement les choses Ă©merger, on laisser le corps et le cerveau intĂ©grer les diffĂ©rents Ă©motions, sensations, pensĂ©es et souvenirs qui peuvent revenir, jusquâĂ que le corps retrouve un Ă©tat neutre et apaisĂ©.
Câest ce que lâon appelle « focused mindfulness » ou « la pleine conscience ciblĂ©e ». Il est important dâĂȘtre dans une simple observation bienveillante de son processus interne puisque toute autre activitĂ© du cerveau viendra ralentir le travail de guĂ©rison naturel en cours.
Le but est dâoffrir de lâespace au cerveau afin quâil puisse apaiser le systĂšme, non pas de surcharger le systĂšme avec des pensĂ©es nĂ©gatives ou des questionnements qui polluent lâespace de travail.
5 – Le presse citron
Le processus est donc accompagnĂ© jusquâĂ la personne se sente mieux vis-Ă -vis de la problĂ©matique dâorigine pour laquelle il ou elle est venue consulter. A ce moment-lĂ , sâil lâestime nĂ©cessaire ou possible, le thĂ©rapeute peut faire ce que lâon appelle : « le presse citron ».
Câest une technique thĂ©rapeutique qui consiste Ă demander au patient dâessayer de rĂ©activer volontairement la perturbation initiale ressenti dans son corps. Câest-Ă -dire quâon demande Ă la personne dâamplifier, de maximaliser et dâagrandir la perturbation ressentie dans son corps, afin de lâaugmenter le plus possible sur lâĂ©chelle de 0 Ă 10.
Le but de cet exercice nâest pas de torturer le patient, mais de rendre conscient ce quâil reste afin de retraiter ce nouveau contenu. Câest un exercice qui peut ĂȘtre retraitĂ© autant de fois quâil faudra pour quâĂ la fin, la personne ne puisse plus rĂ©activer quoi que ce soit.
? Mais pourquoi ça marche ?

Lâactivation oculaire neurobiologique ciblĂ©e (pourquoi neurobiologique ? Puisque câest reliĂ© Ă notre biologie interne de lâĆil et Ă notre cerveau et donc Ă des rĂ©seaux neuronaux prĂ©cis) et la pleine conscience (câest-Ă -dire, le simple fait de sâobserver, sans chercher Ă atteindre ou obtenir quelque chose) permettent une dĂ©charge (libĂ©ration) Ă©motionnelle complĂšte de lâactivation corporelle et psychique. Et par consĂ©quences, une libĂ©ration et un renforcement des ressources naturelles du patient.
Ce que jâaime personnellement dans le Brainspotting, câest son ancrage thĂ©orique et son approche phĂ©nomĂ©nologique. Câest un outil et un modĂšle trĂšs humble et modeste, qui oblige le thĂ©rapeute Ă adopter Ă son tour une position et une attitude trĂšs humble face Ă la complexitĂ© de la psychĂ© humaine. Fini les professionnels prĂ©tentieux qui pensent tout savoir, tout comprendre, et qui parlent pour combler le vide et le silence qui leur effrayent.
Dans le Brainspotting, on part du principe que le cerveau est beaucoup trop complexe Ă intellectualiser, Ă rationnaliser, Ă analyser, Ă interprĂ©ter, Ă dĂ©duire⊠quâest-ce que lâon sait de sa grandeur ?? Cette complexitĂ© grandiose rend impossible pour nous, simples thĂ©rapeutes Ă se prononcer sur quoi que ce soit sur le fonctionnement et lâorigine des symptĂŽmes de nos patients.
A lâinverse, lâexpert de lui-mĂȘme câest bel et bien le patient ! Câest le patient qui sait, qui peut comprendre, qui dĂ©tient la vĂ©ritĂ© et plus prĂ©cisĂ©ment câest son psychisme interne, son systĂšme nerveux qui sait !
Me plait lâidĂ©e que les rĂŽles sont inversĂ©s quelque part. ce nâest plus quâau patient de nous faire confiance, mais câest aux thĂ©rapeutes de lĂącher tout ce quâil croit savoir sur la psychologie humaine pour faire totalement confiance Ă la personne et Ă son systĂšme nerveux.
Le corps se rĂ©pare, se soigne sans quâon lui dise comment faire. Et oui, câest comme quand on est malade, notre corps a dĂ©jĂ commencĂ© Ă produire des anticorps avant mĂȘme que nous nous sommes aperçus quâon avait le nez qui coulait !
On fait confiance au systĂšme et on respecte la temporalitĂ© de celui-ci. Il ne faut pas vouloir aller plus vite que le systĂšme sinon cela crĂ©er une rĂ©sistance qui est trĂšs couteux en termes dâĂ©conomie psychique. Si le patient bloque ou rĂ©siste, alors câest que le corps sait que câest trop et il met une protection pour pouvoir survivre. Il faut alors dĂ©charger le systĂšme qui utilise tout son Ă©nergie pour le mode survit et qui ne peut pas se mettre en mode rĂ©paration.
Le cerveau sait ce quâil a Ă faire, le corps sait ce quâil doit faire pour garantir la survie de lâindividu, câest sa seule et unique fonction. Câest ça le mĂ©tier principal de notre cerveau ; garantir notre survie. Alors donnons-lui le temps et lâespace pour se rĂ©parer, câest ça le gĂ©nie du Brainspotting. On nâest plus dans lâagir, mais dans le laisser agir.

? Mais du coup, à quoi sert le thérapeute ?
Le thérapeute sert à :
- Offrir un espace sĂ©curisant au patient pour quâil ou elle puisse rentrer en toute sĂ©curitĂ© dans son processus interne.
- Le thĂ©rapeute doit se dĂ©sengager du rĂ©sultat et aider le patient Ă en faire de mĂȘme pour ne pas polluer le travail naturel du corps avec des analyser ou en essayant de contrĂŽler le processus.
- Aider le patient à rester dans la pleine conscience, dans la simple observation bienveillante de ce qui peut émerger
- Offrir une présence physique spatio-temporel au patient par un contact psychique et physique encadrant.
- Accepter et accueillir le processus sĂ©quentiel neurologique du travail, des flux dâinformation et de leur intĂ©gration.
- Avec la prĂ©sence du thĂ©rapeute, le patient nâest jamais seul, et nâa pas Ă retraverser certaines Ă©motions ou souvenirs douloureux difficiles seuls.
- Par sa prĂ©sence physique et psychique (lâaccordage), il soutient le processus de guĂ©rison.
Le Brainspotting se dit Ă©galement ĂȘtre un modĂšle de « double accordage » (« Dual attunement ») ;
- celui du patient et le thĂ©rapeute mais aussi lâaccordage cerveau â corps.
- Dâun cĂŽtĂ© on a
- le relationnel, lâĂ©motionnel, le transfert, le lien, la sĂ©curitĂ© et lâengagement
- et de lâautre il y a le neurobiologique, la rĂ©gulation, lâintĂ©gration, et le traitement du patient.
Mais câest Ă©galement un modĂšle de « double attention ». En effet, le Brainspotting nĂ©cessite Ă la fois une concentration oculaire et une focalisation sur son propre Ă©tat intĂ©rieur.
Enfin, câest un modĂšle de « double activation ». Pour aider la personne dans sa souffrance, on va se servir de lâactivation corporelle mais on peut Ă©galement se servir de ses ressources. Une ressource corporelle est une zone du corps oĂč le patient se sent calme et ancrĂ©. On va se servir de ce point ressource pour crĂ©er de lâespace, pour augmenter la fenĂȘtre de tolĂ©rance de la patiente par association avec cette zone du corps moins activĂ© et oĂč il y a donc plus dâespace pour travailler.
Câest un modĂšle « intĂ©gratif » qui signifie que lâon peut appliquer plusieurs approches thĂ©oriques et outils thĂ©rapeutiques out en faisant du Brainspotting. Chaque outil que possĂšde le clinicien est complĂ©mentaire Ă la prise en charge en Brainspotting, Ă condition que le thĂ©rapeute sâadapte aux patients et reste accordĂ© Ă leurs besoins singuliers.
Le Brainspotting est une technique innovante, rapide et efficace. Cependant, comme pour toute thérapie, la guérison sera plus ou moins rapide en fonction du diagnostic, de la problématique et la difficulté psychique à traiter, mais aussi en fonction des ressources physiques et psychiques de la personne.
Le travail en Brainspotting est sĂ©quentiel puisquâil est multi sensoriel. Il y a souvent plusieurs couches de traitement, plusieurs associations affectives, corporelles ou sensoriels Ă intĂ©grer. Câest un travail qui se manifeste souvent par des « vagues » en Brainspotting. Si nous pouvons prendre la mĂ©taphore de la marĂ©e, les vagues seraient lâinformation, les associations somatiques, archaĂŻques ce qui remontent et repartent une fois intĂ©grĂ©es Ă la surface.
Le trauma est si complexe puisque câest une fragmentation du psychisme qui a souvent pour consĂ©quence des moments de dissociation chez le patient. Cette dissociation pourrait se dĂ©finir comme les morceaux de fragments traumatiques qui se prĂ©sentent en fonction de commet le trauma sâest encodĂ© dans le cerveau de lâindividu. Souvent il y a une rupture de la communication entre les diffĂ©rentes parties ce qui empĂȘchent leur intĂ©gration et encodage en tant que souvenir passĂ©, datĂ© et terminĂ©.
Plus d’information ici –> https://www.ietsp.com/brainspotting/
ARTICLES –> https://brainspotting.com/about-bsp/research-and-case-studies/